ŒUVRES

DE

MARCEL SCHWOB


ŒUVRES

DE

MARCEL SCHWOB

SPICILÈGE

FRANÇOIS VILLON—ROBERT-LOUIS STEVENSON—GEORGE MEREDITH
PLANGON ET BACCHIS—SAINT JULIEN L'HOSPITALIER
LA TERREUR ET LA PITIÉ—LA PERVERSITÉ
LA DIFFÉRENCE ET LA RESSEMBLANCE—LE RIRE—L'ART DE LA BIOGRAPHIE
L'AMOUR—L'ART—L'ANARCHIE

PARIS
MERCVRE DE FRANCE
XXVI, RVE DE CONDÉ, XXVI
MCMXXI

IL A ÉTÉ TIRÉ:

39 exemplaires sur vergé d'Arches
numérotés à la presse de 1 à 39.

550 exemplaires sur papier vergé
pur fil Lafuma numérotés de 40 à 589.

JUSTIFICATION DU TIRAGE:

1353

SPICILÈGE


[Pg 9]

FRANÇOIS VILLON


FRANÇOIS VILLON

Les poèmes de François Villon étaient célèbres dès lafin du XVe siècle. On savait par cœur le Grand et le PetitTestament. Bien qu'au XVIe siècle la plupart des allusionssatiriques des legs fussent devenues inintelligibles, Rabelaisappelle Villon «le bon poète parisien». Marot l'admiraittellement qu'il corrigea son œuvre et l'édita. Boileau leconsidéra comme un des précurseurs de la littératuremoderne. De notre temps, Théophile Gautier, Théodorede Banville, Dante-Gabriel Rossetti, Robert-Louis Stevenson,Algernon Charles Swinburne l'ont passionnémentaimé. Ils ont écrit des essais sur sa vie, et Rossetti a traduitplusieurs de ses poèmes. Mais jusqu'aux travaux deMM. Auguste Longnon et Byvanck, qui parurent de 1873à 1892, on ne savait rien de positif sur le texte de ses œuvresou sur sa véritable biographie. On peut aujourd'hui étudierl'homme et son milieu.

[Pg 10]

Quoique François Villon ait emprunté à Alain Chartierla plupart de ses idées morales, à Eustache Deschamps lecadre de ses poèmes et sa forme poétique; bien que, près delui, Charles d'Orléans ait été un poète de grâce infinie etque Coquillart ait exprimé la nuance satirique et bouffonnedu caractère populaire, c'est l'auteur des Testaments qui apris la grande part de gloire poétique de son siècle. C'estparce qu'il a su donner un accent si personnel à ses poèmesque le style et l'expression littéraire cédaient au frissonnouveau d'une âme «hardiment fausse et cruellementtriste». Il faisait parler et crier les choses, dit M. Byvanck,jusque-là enchâssées dans de grandes machines de rhétoriquequi branlaient sans cesse leur tête somnolente. Iltransformait tout le legs du moyen âge en l'animant de sonpropre désespoir et des remords de sa vie perdue. Tout ceque les autres avaient inventé comme des exercices depensée ou de langage, il l'adaptait à des sentiments siintenses qu'on ne reconnaissait plus la poésie de la tradition.Il avait la mélancolie philosophique d'Alain Chartierdevant la vieillesse et la mort; la tendre grâce et les douxpensers d'exil du pauvre Charles d'Orléans, qui vit si longtempséclore les fleurs des prairies d'Angleterre au jour dela Saint-Valentin; le réalisme cynique d'Eustache Deschamps;la bouffonnerie et la satire dissimulée de GuillaumeCoquillart; mais les expressions qui, chez les autres,étaient des modes littéraires, paraissent devenir chez Villondes nuances d'âme; lorsqu'on songe qu'il fut pauvre, fuyard,criminel, amoureux et pitoyable, condamné à une morthonteuse, emprisonné de longs mois, on ne peut méconnaîtrel'accent douloureux de son œuvre. Pour la bien[Pg 11]comprendre et juger de la sincérité du poète, il faut rétablir,avec autant de véri

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