HISTOIRE
PARLEMENTAIRE
DE FRANCE
III
PARIS.—IMPRIMÉ CHEZ BONAVENTURE ET DUCESSOIS.
55, QUAI DES AUGUSTINS.
Complément des Mémoires pour servir à l'Histoire de mon Temps
HISTOIRE
PARLEMENTAIRE
DE FRANCE
RECUEIL COMPLET
DES DISCOURS PRONONCÉS DANS LES CHAMBRES DE 1819 à 1848
PAR
M. GUIZOT
TOME TROISIÈME
PARIS
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS
RUE VIVIENNE, 2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15
À LA LIBRAIRIE NOUVELLE
1863
Tous droits réservés.
Discussion du paragraphe de l'adresse relatif aux affaires d'Espagne.
—Chambre des pairs.—Séance du 10 janvier 1837.—
La session de 1837 fut ouverte le 27 décembre 1836. À la Chambre despairs, dans la discussion du paragraphe du projet d'adresse relatifaux affaires d'Espagne, on contesta que la politique du cabinet du 6septembre 1836, présidé par le comte Molé, fût, à cet égard, enharmonie avec celle du cabinet du 11 octobre 1832, présidé par lemaréchal Soult. Je pris la parole pour combattre cette assertion, etétablir l'identité de la politique de la France à ces deux époques.
M. Guizot, ministre de l'instruction publique.—Messieurs, au point où en est arrivée la discussion, je n'ai nul dessein de la prolonger; mais je tiens à établir, sur le même terrain sur lequel s'est placé hier M. le président du conseil, quelle est la politique du cabinet actuel, et la parfaite identité de (p. 2) cette politique avec celle du cabinet du 11 octobre. J'y suis personnellement intéressé: j'ai eu l'honneur de siéger dans le cabinet du 11 octobre 1832; j'ai pris part à toutes ses résolutions, à tous ses actes; ce qu'il a fait, je l'ai fait; j'y adhère encore aujourd'hui complétement. J'ai besoin de prouver que ce que nous faisons aujourd'hui, il l'eût fait également, et que notre politique est une conséquence naturelle, nécessaire, de la politique qu'il avait adoptée.
Je ne rappellerai pas à la Chambre des actes et des faits qui lui sont parfaitement connus; je la prie seulement de remarquer que le cabinet du 11 octobre a été constamment dirigé par deux idées: la première, donner au gouvernement de la reine Isabelle un appui à la fois indirect et sincère et efficace; la seconde, ne jamais engager la France dans les affaires intérieures de l'Espagne, conserver toujours à la France sa liberté d'action, la liberté de s'arrêter dans l'appui indirect donné au gouvernement de la reine Christine, de s'arrêter au point où elle trouverait ses propres intérêts compromis.
Ces deux idées ont été la boussole constante de la politique du cabinet du 11 octobre.
On se répand aujourd'hui en distinctions, en nuances, en variantes. On distingue la coopération de l'intervention; on dit que ce que je viens d'appeler l'appui indirect donné à la reine d'Espagne par le cabinet du 11 octobre est une coopération réelle. Hier, on repoussait l'intervention, on la repoussait absolument; on disait que personne n'y avait jamais songé; aujourd'hui on se montre beaucoup plus disposé à l'accueillir: si le gouvernement y était