Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.
DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET,
rue de Vaugirard, nº 9.
BLANCHE ET BLEUE,
OU
LES DEUX COULEUVRES-FÉES;
ROMAN CHINOIS,
TRADUIT
PAR STANISLAS JULIEN,
MEMBRE DE L'INSTITUT, ET PROFESSEUR DE LANGUE CHINOISE AU COLLÉGE
DE FRANCE.
PARIS.
LIBRAIRIE DE CHARLES GOSSELIN,
RUE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS, Nº 9.
M DCCC XXXIV.
A
MONSIEUR JOHN CURTIS
TÉMOIGNAGE D'ESTIME ET D'AMITIÉ.
Stanislas Julien.
Tout le monde sait que les Chinois possèdentune multitude de romans. On en connaîtdéjà deux en Europe qui ont obtenu unsuccès mérité: le Iu-kiao-li, ou les DeuxviiiCousines, et le Hao-kieou-tchouên, dontM. Francis Davis a publié, en 1829, unetraduction anglaise, sous le titre de The fortunateUnion. Ces deux ouvrages, qui sontfort estimés dans le pays pour lequel ils ontété écrits, peignent avec fidélité les mœursd'une société choisie, où figurent au premierrang les lettrés et les fonctionnairespublics.
Il est un autre genre de compositions plusmodestes, et aussi répandues en Chine, quine paraissent pas moins dignes d'exciter lacuriosité et l'intérêt des lecteurs européens;ce sont celles qui sont principalement destinéesaux classes inférieures, et qui sontbasées sur les croyances populaires, qu'ellesont pour but de propager ou d'entretenirpar des récits merveilleux propres à frapperl'imagination. C'est à cette classe qu'appartientixle Roman que nous publions aujourd'hui;nous n'avons pas besoin de dire quec'est le premier de ce genre qui ait parujusqu'ici en Europe.
Les personnes qui ont écrit sur la littératurechinoise ont parlé maintes fois de romansqui décrivent les scènes de la vie réelle, telsque les Deux Cousines et l'Union bien assortie,ou les romans historiques, dont leschefs-d'œuvre sont le Sân-koué-tchi (l'Histoire[2]des trois Royaumes) et le Chouï-hou-tchouênx(l'Histoire des Insurgés), mais ellesn'ont jamais dit un mot des romans mêlésde merveilleux et de féerie, qui sont trèsnombreux en Chine. J'en possède plusieurs[3]d'une date très récente, qui, si l'on s'en rapporteaux éloges pompeux des Éditeurs, doiventêtre lus en Chine avec autant d'aviditéet d'intérêt que le sont chez nous les Milleet une Nuits