L'Illustration, No. 0015, 10 Juin 1843

                    Nº 15. Vol. I. SAMEDI 10 JUIN 1843                        Bureaux, rue de Seine. 33,      Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr..--6 mois 16 fr,--Un an, 30 fr. Prix de      chaque Nº 75 c.--La collection mensuelle, 2 fr. 75.      Ab. pour les Dep.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr.--Un an, 32 fr. pour      l'étranger,          --   10       --     20      --     40


SOMMAIRE

Troubles en Irlande. Portrait d'O'Connell.--Courrier de Paris. --Suitede concerts de la rue de la victoire. O Salutaris de Palestrina; rue dela salle des concerts.--La cour du grand duc, nouvelle, par EugèneGuinot (suite).--Distribution prix de l'Académie des jeux floraux.Jetons de présence, statue de Clémence Isaure.--Les plaisirs desChamps-Elysées. L'attelage des chèvres; le pesage; le dynamomètre; lephysicien; les chanteurs ambulants; le restaurantLedoyen.--Compte-rendu de l'Académie des sciences depuis lecommencement de l'année.--Météorologie pendant le mois de mai.--Lagalvanographie.--Trois gravures d'après Garvani.--Théâtre del'Opéra-Comique. Une scène d'Angélique et Médor.--Bibliographie.--Ameublements. Un salon Louis XV. Problèmesdivers.--Rébus.

Troubles en Irlande.

L'Europe est dans l'attente, le sol tremble en Irlande, et la guerresemble près de l'ensanglanter. Jamais O'Connell n'a eu plus depuissance. A sa voix, les populations se lèvent par milliers et luidressent sur les routes des arcs de triomphe; les laboureurs abandonnentleurs charrues, les artisans leurs ateliers, et le suivent à pied, enchariots, à cheval; les femmes montent en croupe; partout les villages,les villes se dépeuplent pour faire au «grand agitateur» un cortège telque n'en ont plus les rois, tel que n'avaient point les orateursantiques, tel que, pour en trouver qui lui soient comparables, ilfaudrait peut-être remonter par la pensée jusqu'aux annales de la Judée,et se rappeler les multitudes fanatisées, errantes et haletantes auxprédications des prophètes. O'Connell s'arrête et parle: 500 millehommes s'arrêtent et écoutent. A ses gestes plus qu'à ses paroles, ilsrelatent tour è tour en applaudissements, en murmures, ils jettent auciel des cris terribles contre leurs oppresseurs. Mais que le tribunfasse un signe, aussitôt tout rentre dans le silence, dans le calme;attentive et soumise, on dirait que la foule immense n'a comme luiqu'une voix et un coeur. Pareil spectacle ne s'est vu nulle partailleurs de notre temps et y semble un anachronisme sublime. Quelleémotion profonde s'est donc emparée de cette nation, et quelle est lasource de l'autorité de celui qui la guide? Que veut l'Irlande?

Ce qu'elle veut? Quand même vous pourriez l'ignorer, répondez avecassurance:--Quoi qu'elle veuille, elle a raison de le vouloir. Quelleque soit sa cause, sa cause est juste et sainte. Une preuve suffit:l'Irlande a les sympathies de la France, et jamais la France ne s'esttrompée dans ses sympathies.

Certes, la cause politique de l'Irlande n'est pas à beaucoup d'égardscelle de la France. Si l'on consulte ses regrets, ses plaintes, sesvoeux, on voit aisément qu'entre elle et nous il y a la distance deplusieurs siècles. Il est évident qu'elle aspire à une constitution dontles principaux éléments appartiennent à un passé dont nous ne voulonsplus. Supposer que O'Connell ait jamais été sympathique à nosrévolutions, supposer que s'il pouvait prendre place parmi nosreprésentants, il fut disposé le moins du monde à y joindre sa voix àcelle d

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