Recueil de pièces volantes rares et curieuses
en prose et en vers
Revues et annotées
PAR
M. ÉDOUARD FOURNIER
Tome VII
A PARIS
Chez P. Jannet, Libraire
M.DCCCLVII
À Paris, jouxte la coppie imprimée à Lyon, par Robert Marie, imprimeur et libraire. 1620.
Avec permission. In-8.
Cette année 1620, Saturne sera retrograde, Mercure inconstant, etun tas d'autres planettes n'yront selon la volonté de plusieurs:dont pour ces causes les cordiers iront à reculon; les aveugles neverront que bien peu, ou rien; les sours oyront fort mal; les muetsne parleront guère; (p. 6) les riches se porteront un peu mieux queles pauvres, et les sains mieux que les malades; plusieurs moutons,beufs, pourceaux, oyseaux, poules et canarts mourront, et ne sera sicruelle mortalité entre les singes, renars et dromadères; vieillessesera incurable cette année, à cause des années passées; ceux quiseront pluretiques auront grand mal au costé; ceux qui auront mal auventre yront à la selle persée.
Les cathères descendront du cerveau ès membres inférieurs; le maldes yeux sera fort contraire à la veüe; lors reignera une maladiebien horible et redoutable, maligne, perverse et espouvantable,et malplaisante, laquelle rendra le monde bien estonné, et dontplusieurs ne sauront de quel bois faire flèche, et bien souventcomposeront en ravaserie, sillogisant en la pierre phillosophale etès aureilles de Midas. Je tremble de peur quand j'y pense, car je dyqu'elle sera epidimiale; et l'appelle Averrois faute d'argent[2].
L'avoine fera grand bien aux chevaux. Il ne sera guère plus de lardque de pourceaux.
Mercure nous menace de quelque peu de persil[3], mais ce nonobstantil sera à pris raisonnable. De bled, de vin, de fruitage et legumage,on en aura assés, si les souhaits des pauvres gens sont ouys. (p. 7)Il y aura force poissons en la mer, force estoiles au ciel, force selen Broüage[4].
Sur l'esté sera à redoubter quelque règne des pusses. Italie, Cicile,Romanie, Naple, demeureront où ils estoient l'an passé; les marchansprofiteront s'ils ne perdent. En Angleterre, Escosse, Hibernie, levin leur sera autant sain que la bierre, pourveu qu'il soit bon etfriant.
Au printemps vous verrez plus de fleurs qu'en toutes les trois autressaisons. En esté je ne sais quel vent co