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«L'âme des poètes lyriques fait réellement ce qu'ils se vantent de faire.»
Platon.
LE COEUR INNOMBRABLE (Ouvrage couronné parl'Académie française.) 1 vol.
L'OMBRE DES JOURS 1 vol.
LES EBLOUISSEMENTS 1 Vol.
LA NOUVELLE ESPERANCE 1 vol.
LE VISAGE EMERVEILLE 1 vol.
LA DOMINATION 1 vol.
«L'âme des poètes lyriques fait réellement ce qu'ils se vantentde faire.»
ARTHÈME FAYARD & Cie, EDITEURS18-20, rue du Saint-Gothard, 18-20
EUPHORION.—Je ne veux pas plus longtemps tenir à terre; laissezmes mains, laissez mes boucles, laissez donc mes vêtements, ilssont à moi…
HELÈNE ET FAUST.—O pétulance! ô délire! On dirait un cor quisonne sur la vallée et sur le bois. A peine un jour serein donnétu tends à t'élancer, du point où le vertige t'a pris, dans unespace plein de douleurs…
Goethe.
Tu vis, je bois l'azur qu'épanche ton visage,
Ton rire me nourrit comme d'un blé plus fin,
Je ne sais pas le jour, où, moins sûr et moins sage,
Tu me feras mourir de faim.
Solitaire, nomade et toujours étonnée,
Je n'ai pas d'avenir et je n'ai pas de toit,
J'ai peur de la maison, de l'heure et de l'année
Où je devrai souffrir de toi.
Même quand je te vois dans l'air qui m'environne,
Quand tu sembles meilleur que mon coeur ne rêva,
Quelque chose de toi sans cesse m'abandonne,
Car rien qu'en vivant tu t'en vas.
Tu t'en vas, et je suis comme ces chiens farouches
Qui, le front sur le sable où luit un soleil blanc,
Cherchent à retenir dans leur errante bouche
L'ombre d'un papillon volant.
Tu t'en vas, cher navire, et la mer qui te berce
Te vante de lointains et plus brûlants transports.
Pourtant, la cargaison du monde se déverse
Dans mon vaste et tranquille port.
Ne bouge plus, ton souffle impatient, tes gestes
Ressemblent à la source écartant les roseaux.
Tout est aride et nu hors de mon âme, reste
Dans l'ouragan de mon repos!
Quel voyage vaudrait ce que mes yeux t'apprennent,
Quand mes regards joyeux font jaillir dans les tiens
Les soirs de Galata, les forêts des Ardennes,
Les lotus des fleuves indiens?