Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
Lord ROSEBERY
LA DERNIÈRE PHASE
OUVRAGE
TRADUIT DE L'ANGLAIS AVEC L'AUTORISATION DE L'AUTEUR
PAR
AUGUSTIN FILON
TROISIÈME ÉDITION
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
1901
Droits de traduction et de reproduction réservés.
Dans l'été de 1863, un jeune voyageur anglais quirevenait de Rome s'arrêta deux jours à Paris. C'étaitun élève d'Eton; un des professeurs du collègel'accompagnait et lui servait de mentor. Ils allèrententendre Mireille, qui les charma; ils assistèrent àune superbe revue de cavalerie; mais, pour le touristede seize ans, l'émotion de ce premier séjour à Paris,ce fut sa visite au tombeau de l'Empereur. «Il est,écrivait son maître, un grand admirateur des Napoléons,mais un admirateur intelligent, car c'est legarçon le plus intelligent du monde. Et, puis, il estsi amusant!»
L'écolier d'Eton s'appelait, en ce temps-là, lordDalmeny. Aujourd'hui l'Europe le connaît sous lenom de lord Rosebery et c'est lui qui est l'auteur dece livre.
D'Eton il passa à Oxford et, avant qu'il eût fini sontemps d'Université, la mort de son grand-père transformal'étudiant en un pair du royaume. Mais, pendantdix ans, la noble assemblée n'eut guère l'occasionIIde se familiariser avec le son de sa voix. Il n'avaitque quatorze ans quand un de ses compatriotes,Dundas de Dundas, lui avait prédit, dans un banquet,qu'il serait premier ministre. Le jeune comte de Roseberyne paraissait nullement pressé d'entrer en possessionde ce poste et il prit par le plus long pour allerà Downing Street. On parlait de ses chevaux, de lacoupe de ses habits, de ses goûts artistiques et mondains,de sa bonne humeur et de sa bonne grâce.On le disait capable de tout, même de travailler lorsquele travail l'amusait. Il plaisait fort à ses égaux et ilpossédait un secret pour se faire aimer des gens d'enbas. Le secret était, tout simplement, qu'il s'intéressaità leurs besoins, à leurs misères, à leurs aspirations.
En 1878, il épousa la plus riche héritière duRoyaume-Uni, miss Hannah de Rothschild, fille dubaron et de la baronne Meyer de Rothschild dont laprodigue et intelligente bienfaisance a laissé tant detraces durables sur le sol anglais. Ce mariage soulevabien des critiques et éveilla bien des jalousies. Maisles critiques se turent et la jalousie changea de caractèrelorsque le public put comprendre quelle compagnevaillante, utile et dévouée lord Rosebery avait suconquérir. Lady Rosebery devint son principal et sonmeilleur auxiliaire dans la mémorable campagne duMidlothian qui fut le «clou» des élections généralesde 1880 et qui rouvrit, toutes grandes, au Grand oldman les portes de Westminster. Lord Rosebery enIIIétait l'inspirateur et sa résidence de Dalmeny Parken fut le quartier général. Il organisa la victoire; cequi est quelquefois plus malaisé que de la remporter.Au lendemain du succès, quand le parti libéral rentratr