Extrait desŒuvres de Blaise Pascal. Tome second. Paris: Lefèvre, 1819.

[Pg 461]NOTESDEVOLTAIRE ET DE CONDORCETSURLES PENSÉES DE PASCAL.[Pg 462]

Les notes marquées C sont celles que Condorcet a jointesà son édition in-8o., et celles après lesquelles est un V sontde Voltaire. De ces dernières, les unes ont été publiées pourla première fois dans l'édition in-8o. que Voltaire fit faire àGenève en 1778; les autres avoient été déjà employées parCondorcet dans l'édition de 1776.[Pg 463]

NOTESDE VOLTAIRE ET DE CONDORCET SUR LES PENSÉESDE PASCAL.

(1) Et je m'y sens tellement disproportionné, que je croispour moi la chose absolument impossible.

Il l'a trouvée très-possible dans les Provinciales. V.

(2) Cet art que j'appelle l'art de persuader...... consisteen trois parties essentielles.

Mais ce n'est pas là l'art de persuader, c'est l'art d'argumenter. V.

(3) Je voudrois que la chose fût véritable, et qu'elle fûtsi connue, que je n'eusse pas eu la peine de rechercheravec tant de soin la source de tous les défauts des raisonnements.

Locke, le Pascal des Anglois, n'avoit pu lire Pascal. Il vint aprèsce grand homme, et ces pensées paraissent, pour la première fois,plus d'un demi-siècle après la mort de Locke. Cependant Locke, aidéde son seul grand sens, dit toujours: Définissez les termes. V.

(4) Les meilleurs livres sont ceux que chaque lecteurcroit qu'il auroit pu faire.

Cela n'est pas vrai dans les sciences: il n'y a personne qui croie qu'ileût pu faire les principes mathématiques de Newton. Cela n'est pasvrai en belles-lettres; quel est le fat qui ose croire qu'il auroit pu fairel'Iliade et l'Énéide? V.

(5) Je les voudrois nommer basses, communes, familières;ces noms-là leur conviennent mieux; je hais lesmots d'enflure.

C'est la chose que vous haïssez; car pour le mot, il vous en faut unqui exprime ce qui vous déplaît. V.

Voici un moyen de découvrir la vérité, qui me paroît avoir échappéà tous les philosophes. Il est tiré de la relation d'un voyage fait auxMoluques, en 1760, par le capitaine Dryden.

»On emploie dans ces îles une singulière méthode de découvrir lavérité; voici en quoi elle consiste: quand on veut savoir si un homme[Pg 464]a commis ou n'a pas commis une certaine action, et que des gensqui ont acheté, pour une somme assez modique, le droit de s'eninformer, n'ont pas eu l'esprit de découvrir la vérité, ils font lierfortement les jambes de l'accusé entre des planches; ensuite on serreentre ces planches un certain nombre de coins de bois, à force de braset de coups de maillet. Pendant ce temps-là les rechercheurs interrogenttranquillement le patient, font écrire ses réponses, ses cris,les demi-mots que les tourments lui arrachent, et ils ne le laissenten repos qu'après être parvenus à le faire évanouir deux ou trois foispar la force de la douleur, et que le médecin, témoin de l'opération,a déclaré que, si on continue, le patient mourra dans les tourments.Quelquefois il arrive que les rechercheurs n'ont pas eu besoin derecourir à ce moyen pour se croire sûrs de la vérité, mais qu'il leurreste un léger scrupule; alors ils ordonnent, qu'avant de punirl'accusé, on recourra à la méthode infaillible des maillets et descoins. A la vérité, ils remplissent de tourments

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