LE
CATHECUMENE,
TRADUIT
DU CHINOIS.

A AMSTERDAM,

1768.

LE CATHECUMENE.

Des affaires de commerce m'avoient engagéà faire un voyage sur mer; j'étois déja bienloin des côtes de ma patrie, lorsqu'unetempête affreuse nous fit perdre notre route.Nous passâmes plusieurs jours entre la vie & la mort;enfin nous fumes jettés sur une terre inconnue, & forcésde trouver un azile contre la fureur des flots.

Je tombai entre les mains d'un peuple rempli d'humanité:je m'aperçus bientôt qu'il avoit perfectionnétous les arts, qu'il pratiquoit les vertus, & qu'il étoitdoué des plus hautes lumieres où l'homme puisse atteindre.Mon admiration égaloit ma reconnoissance; maishélas! il n'est que trop vrai, que l'homme décele toujourspar quelque endroit la foiblesse de son être.

Ces gens-là avoient pris de l'amitié pour moi commej'en avois conçu pour eux; leur douceur, leur honnêtetéavoient gagné mon ame: ils me dirent un jour,de quelle religion êtes vous? Cette question me surprit;je leur demandai, s'il y en avoit deux: ma réponse lesfit sourire, & je vis qu'ils étoient étonnés de mon ignorance:ils ajouterent, adorez-vous des Dieux de bois, demétal ou de pierre? Je haussai les épaules; ils prirent unair de satisfaction, & poursuivirent: croyez-vous à Moïsequi fit massacrer vingt-trois mille de ses concitoyenspar ordre de Dieu? Je fis un mouvement d'indignation;ils continuerent & me demanderent, si j'étois disciplede Mahomet qui fendit la lune en deux, & qui la cachadans sa manche? Je ne répondis que par des signesde mépris, qui parurent les satisfaire infiniment: êtes-vousChrétien? me dirent-ils enfin: Je repliquai, queje ne savois pas ce qu'ils vouloient dire: ils parurent fortétonnés, & ils ajouterent, qu'ils ne connoissoient dansle monde que quatre especes de religion. Vous n'en avezdonc point? me dirent-ils: je leur répondis vainement,que j'étois né dans un pays, où l'on adoroit un seul Dieu,Intelligence suprême & bienfaisante, qui a créé lemonde & qui le gouverne; qui récompense dansune autre vie les bonnes actions que l'homme a faitesdans celle-ci; que notre culte consistoit dans une reconnoissance& une soumission sans bornes, & dans l'exercicehabituel des vertus, c'est-à-dire de la modération,de la tempérance, de l'humanité, de la bienfaisance &de la justice. Est-ce tout? reprirent-ils: je leur dis quetout étoit renfermé dans ce peu de mots. Eh quoi! votreDieu, ajouterent-ils, n'a point fait de miracles? Il acréé le Ciel & la Terre, répondis-je modestement; quevoulez-vous de plus? Quoi: point de Mystères, dePrêtres, de cérémonies! Je baissai la tête, & leur disque je ne les comprenois pas. Je les entendis alors s'écrierentre eux: le pauvre homme! dans quel excès d'aveuglement,d'ignorance & de barbarie il est plongé! Monami, me dit l'un d'eux, nous avons pitié de votre état:nous voulons vous éclairer; remerciez Dieu qui vous aconduit de sa main au milieu de nous, pour vous instruire& vous convaincre de notre sainte & admirable religion.Notre Dieu se nomme le Christ, nous nous appellonsCatholiques, vous allez voir Dieu. Mon étonnementseroit difficile à exprimer; eh quoi! vous meferez voir Dieu! Sans doute, répondirent-ils, vous leverrez tout comme nous; nous n'avons pour cela quequatre pas à faire.

Je les suivis donc: nous aprochions d'un édifice immense,ils me dirent que c'étoit le Temple; je me fisexpliquer ce mot: j'appris avec la plus grande surprise,que c'étoit un bâtiment où résidoit leur Dieu. Et quoi!leur dis-je, vous renfermez Dieu entr

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