DU MÊME AUTEUR
LIBRAIRIE ARMAND COLIN
Morgane, roman. | In-18, broché | 3 fr. 50; |
relié toile | 4 fr. 50 |
À MA PETITE HERVINE
Les fêtes et les coutumes populaires!
L'admirable matière, mais si vaste! Une vie ne suffiraitpas à la traiter. Comment donc la faire tenir enquelques pages? Mais on ne s'est proposé ici que d'effleurerle sujet et l'on a choisi, parmi les fêtes populaires,les plus connues et les plus anciennes.
Ce ne sont pas toujours les moins curieuses, ni—bienqu'elles n'aient pour la plupart rien d'officiel—cellesque le peuple chôme avec le moins de plaisir. Il ne leschôme pas toujours dans un esprit très orthodoxe; il luiarrive même d'avoir complètement oublié le sens du ritehéréditaire auquel il se plie et on l'étonnerait fort en luirévélant que les boudins de Noël, par exemple, sont unsouvenir du sanglier que les Celtes sacrifiaient, au solsticed'hiver, en l'honneur de Bélénus, le dieu solaire. La plupartde nos coutumes populaires sont ainsi de très lointainessurvivances; en nous penchant un peu, nous discernerionssous chacune d'elles toute une cosmogonie primitive;nous reconnaîtrions le travail profond desvieilles imaginations aryennes, leur essai d'une explicationnaturiste de l'univers.
Et peut-être que la vertu secrète de ces coutumes estlà: elles sont aussi anciennes que la race; elles se sontchargées en route de sens nouveaux et parfois contradictoires;elles ont emprunté sans compter aux diversescultures, celtique, latine, catholique, qui ont fait l'âmenationale. Mais cette plasticité même, cette souplesse às'adapter à nos divers états de civilisation, n'est-elle pasla meilleure preuve de leur vitalité?
Avant de sourire d'elles, tâchons d'abord de les comprendre.Qui les aura comprises ne tardera pas à lesaimer.
Ch. Le G.
Chaque corps de métier avait autrefois son patronspécial dont il célébrait la fête à certains jours del'année. Le choix de ces patrons n'avait pas étélaissé au hasard. S'il est vrai que quelques corps demétiers, afin de mieux honorer leur fondateur ouleur chef, se mirent sous le patronage du bienheureuxdont il portait le nom, il est plus juste de direque la vie même des bienheureux dont on avait faitchoix avait servi dans la plupart des cas à les désigneraux fidèles. C'est ce qui explique que saintHubert, lequel était un grand veneur d'Aquitaine,soit devenu le patron des chasseurs, et que saintYves, qui fut avocat et ne vola jamais ses clients,comme l'affirme le dicton populaire:
Sanctus Yvo erat Brito,
Advocatus et non latro,
soit devenu celui des gens de justice. Sainte Cécilen'avait pas moins de titres pour devenir la patronnedes musiciens. Les actes de cette bienheureuse,qui mourut vierge et martyre, nous disent qu'elle«unissait souvent le son des instruments à sa voixp