IMPRIMATUR
Parisiis, die decima junii 1912.
ALFRED BAUDRILLART,vic. gen. Rect.
I. La Notion bergsonienne du Temps.
III. L'Union de l'Ame et du Corps.
IV. La Philosophie du Devenir pur.
VI. Théorie de la Connaissance sensible.
VII. Théorie de la Connaissance intellectuelle.
Note sur le «Pragmatisme» de M. Bergson.
IX. Le Problème de la Contingence et de la Destinée humaine.
Note sur le «Monisme» de M. Bergson.
La Philosophie de M. Bergson se compose de deux parties assezdissemblables: les théories pures et leurs conséquences pratiques.
Les conséquences pratiques qui ébranlent les anciennes thèses classiquesde la philosophie spiritualiste sur la vérité absolue des premiersprincipes de la raison, et par suite sur Dieu, l'âme humaine,l'immortalité, la morale et la religion, sont facilement comprises de laplupart de ses auditeurs ou lecteurs, et c'est à peu près la seule chosequ'ils en retiendront, sur la foi du maître: Magister dixit!
Les théories pures, au contraire, qui doivent préparer et asseoir cesconclusions subversives, sont d'une subtilité si éthérée et si nuageuse,qu'elles pourraient être dites ésotériques. Seuls, les initiés peuventse flatter d'en pénétrer le sens métaphysique, et encore n'est-il passûr qu'ils puissent le saisir bien clairement ni tout y comprendre.
Quant aux profanes—je parle des plus intelligents d'entre eux et desplus exercés aux subtilités de la métaphysique,—ils seront vitedéroutés et découragés par une terminologie nouvelle et bizarre, où lesmots sont trop souvent détournés des usages reçus, vidés de leur sensnaturel, et aussi par des métaphores à jet continu, qui déguisent lapensée bien plus qu'elles ne l'expriment.
C'est à eux que ce travail s'adresse. Ils veulent se rendre compte,vérifier si les conséquences pratiques si graves et si troublantes de laphilosophie nouvelle sont bien assises sur des principes solides etincontestables, car, pour eux, l'autorité du maître est le dernier et leplus pauvre des arguments, selon le mot célèbre de saint Thomas: Locusab auctoritate quæ fundatur super ratione humana, est infirmissimus...