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PAR
NOUVELLE ÉDITION, REVUE ET AUGMENTÉE
TOME CINQUIÈME
PARIS
LIBRAIRIE INTERNATIONALE
A. LACROIX & Co, ÉDITEURS
13, rue du Faubourg-Montmartre, 13
1876
Tous droits de traduction et de reproduction réservés.
Ce volume et le suivant ont pour sujet commun la grande crise du xvesiècle, les deux phases de cette crise où la France sembla s'abîmer.Celui-ci racontera la mort, le suivant la résurrection.
La première des deux périodes dure près d'un demi-siècle; elle part duschisme pontifical, et traverse le schisme politique d'Orléans et deBourgogne, de Valois et de Lancastre.
Notre faible unité nationale du xive siècle était toute dans laroyauté; au xve, la royauté même se divisant, il faut bien que lepeuple essaye d'y suppléer. Le peuple des villes y échoue en 1413, etde cette tentative il ne reste qu'un code, le premier codeadministratif qu'ait eu la France. Le peuple des campagnes fera parinspiration ce que la sagesse des villes n'a pu faire; il relèvera laroyauté, rétablira l'unité, et de cette épreuve où le pays faillitpérir, sortira, confuse encore mais vivace et forte, l'idée même dela patrie.
(p. ii) Avant d'en venir là, il faut que ce pays descende dans laruine, dans la mort, à une profondeur dont rien peut-être, ni avant niaprès, n'a donné l'idée. Celui qui par l'étude a traversé les sièclespour se replacer dans les misères de cette époque funèbre, qui, pourmieux les comprendre, a voulu y vivre et en prendre sa part, ne pourraencore qu'à grand'peine en faire entrevoir l'horreur.
L'histoire est grave ici par le sujet; elle ne l'est pas moins par lecaractère tout nouveau d'autorité qu'elle tire des monuments del'époque. Pour la première fois peut-être elle marche sur un terrainferme. La chronique, jusque-là enfantine et conteuse, commence àdéposer avec le sérieux d'un témoin. Mais à côté de ce témoignage nousen trouvons un autre plus sûr. Les grandes collections d'actespublics, imprimés ou manuscrits, deviennent plus complètes et plusinstructives. Elles forment dans leur suite, désormais peuinterrompue, d'authentiques annales, au moyen desquelles nous pouvonsdater, suppléer, souvent démentir, les on dit des chroniqueurs. Sansaccorder aux actes une confiance illimitée, sans oublier que les actesles plus graves, les lois même, restent souvent sur le papier et sansapplication, on ne peut nier que ces témoignages officiels etnationaux n'aient généralement une autorité supérieure auxtémoignages individuels.
(p. iii) Les ordonnances de nos rois, le Trésor des Chartes, lesRegistres du Parlement, les actes des Conciles; telles ont été nossources pour les faits les plus importants. Joignez-y, quant àl'Angleterre, le Recueil de Rymer et celui des Statuts du royaume. Cescollections nous ont donné, particulièrement vers la fin du volume,l'histoire toute entière d'importantes périodes sur lesquelles lachronique se taisait.
L'étude de ces documents de plus en plus nombreux, l'interprétation,le contrôle des chroniques par les actes, des actes par leschroniques, tout cela exige des travaux préalables, des tâtonnements,des discussions critiques dont nous épargnons à nos lecteurs lelaborieux spectacle. Une histoire étant une œuvre d'art autant quede scienc