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Le 5 brumaire an IV (27 octobre 1795) était le jour fixé pour la mise envigueur de la constitution directoriale. Ce jour-là, les deux tiers dela convention, conservés au corps législatif, devaient se réunir autiers nouvellement élu par les assemblées électorales, se diviser endeux conseils, se constituer, et procéder ensuite à la nomination descinq directeurs chargés du pouvoir exécutif. Pendant ces premiersinstans consacrés à organiser le corps législatif et le directoire,les anciens comités de gouvernement devaient demeurer en activité, etconserver le dépôt de tous les pouvoirs. Les membres de la convention,envoyés soit aux armées, soit dans les départemens, devaient continuerleur mission jusqu'à ce que l'installation du directoire leur fûtnotifiée.
Une grande agitation régnait dans les esprits. Les patriotes modérés etles patriotes exaltés montraient une même irritation contre le parti quiavait attaqué la convention au 13 vendémiaire; ils étaient remplis decraintes; ils s'encourageaient à s'unir, à se serrer pour résister auroyalisme; ils disaient hautement qu'il ne fallait appeler au directoireet à toutes les places que des hommes engagés irrévocablement à la causede la révolution; ils se défiaient beaucoup des députés du nouveautiers, et recherchaient avec inquiétude leurs noms, leur vie passée, etleurs opinions connues ou présumées.
Les sectionnaires, mitraillés le 13 vendémiaire, mais traités avec laplus grande clémence après la victoire, étaient redevenus insolens.Fiers d'avoir un instant supporté le feu, ils semblaient croire quela convention, en les épargnant, avait ménagé leurs forces et reconnutacitement la justice de leur cause. Ils se montraient partout,vantaient leurs hauts faits, débitaient dans les salons les mêmesimpertinences contre la grande assemblée qui venait d'abandonner lepouvoir, et affectaient de compter beaucoup sur les députés du nouveautiers.
Ces députés, qui devaient venir s'asseoir au milieu des vétérans de larévolution, et y représenter la nouvelle opinion qui s'était formée enFrance à la suite de longs orages, étaient loin de justifier toutesles défiances des républicains et toutes les espérances descontre-rév