MÉMOIRES
DU
COMTE REYNIER,

GÉNÉRAL DE DIVISION.

CAMPAGNE D'ÉGYPTE,
IIe PARTIE.


PARIS
BAUDOUIN FRÈRES, ÉDITEURS,
RUE DE VAUGIRARD, No 17.
1827.

(p. v) NOTICE
SUR
LE GÉNÉRAL REYNIER.

Reynier (E.), général de division, comte de l'Empire, etc., naquit àLausanne, le 14 janvier 1771. Issu d'une famille noble, proscrite pourcause de religion, il profita du bénéfice des lois qui réintégraientles descendans des réfugiés dans les droits qu'ils avaient perdus. Ilvint en France, se présenta à l'École des Ponts et Chaussées, où ilfut admis dans le courant de mars 1790. Il y fit des progrès rapides,mérita les éloges de Prony, Lesage, Perronet, qui se plaisaient àrendre hommage à ses talens, et le proposaient pour modèle à leursélèves. Ses cours achevés, il fut nommé officier de son arme: maisnous étions en 1792; l'Europe débordait sur la France; l'Assembléeavait déclaré la patrie en danger, Reynier quitta des épaulettes quine l'appelaient pas à la frontière. Il (p. vi) entra dans lebataillon du Théâtre-Français, et marcha comme simple canonnier à larencontre de l'ennemi. Rappelé presque aussitôt par le directeur desfortifications qu'on élevait autour de la capitale, il fut employécomme ingénieur jusqu'à la fin d'octobre qu'il fut nommé adjoint auxadjudans-généraux de l'armée du Nord. Il fit en cette qualité lacampagne de Belgique, assista à la bataille de Jemmapes, à celle deNerwinde, et partagea cette longue suite de revers qu'entraîna ladéfection de Dumouriez. L'instruction avait fui: l'émigration, lesdéfiances avaient éloigné les hommes capables; Reynier en devintd'autant plus précieux. Il fut fait chef de brigade, et attaché àl'état-major. C'était là que l'appelait son talent. Froid, réservé,peu propre à enlever la troupe, il était d'une aptitude rare auxméditations du cabinet. Personne ne concevait, ne disposait mieux unplan d'attaque, personne ne discutait mieux les chances d'uneopération. La coupe, les accidens du terrain fixaient son attentiond'une manière spéciale. Il sentait l'importance du champ demanœuvres, et mettait un soin particulier à le bien (p. vii)choisir. Il n'en mettait pas moins à plier le soldat à la discipline.Il avait vu les merveilles qu'avait exécutées son courage, et lesrevers que l'insubordination, le défaut d'habitude, avaient entraînés;il résolut d'y remédier. Il exerça, organisa mieux la troupe, et vitbientôt les bandes indisciplinées des volontaires, aussi dociles,aussi fermes, que les vieilles demi-brigades avec lesquelles ellescombattaient. Ces heureuses tentatives et les succès dont elles furentcouronnées, lui méritèrent la confiance du général en chef, dont ildevint bientôt l'ami, le confident. Il avait préparé les victoires quiavaient signalé son commandement à l'armée du Nord, il le suivit àcelle de Rhin-et-Moselle, qui lui fut déféré après les désastres dePichegru. En quel état la perfidie de ce général avait mis des troupeslong-temps victorieuses! Battues sous les murs de Mayence, ellesavaient été ramenées devant Landau, où les maladies et la misèreachevaient de les consumer. Les caisses, les magasins, étaientégalement épuisés. Point d'habits, point de subsistances, point desolde. L'officier était pieds-nus comme le soldat; tous succombaient(p. viii) aux privations. Assurés de l'homme odieux qui s'était chargéde faire périr les braves qui s'immolaient à sa gloire, lesAutrichiens restèrent paisibles tant qu'il présida à ces horriblesfunérailles. Mais il ne fut pas plus tôt rappelé, qu'ils s

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