Au lecteur


ÉDITION DÉFINITIVE D'APRÈS LES MANUSCRITS ORIGINAUX


ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUSTAVE  FLAUBERT


II

SALAMMBÔ


PARIS

A. QUANTIN, IMPRIMEUR-ÉDITEUR

RUE SAINT-BENOIT, 7

1885


TABLE DES MATIÈRES


Il nous a semblé utile de joindre à cette Édition définitive de«Salammbô» un Glossaire alphabétique de la plupart des mots peu connuscités dans l'ouvrage. Le lecteur le trouvera avant l'Appendice, etpourra facilement s'y reporter à chaque hésitation.

Nous avons réuni, dans l'Appendice, les correspondances échangées entreSainte-Beuve, Frœhner et Gustave Flaubert à propos de la publicationde l'ouvrage.


I

LE FESTIN

C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar.

Les soldats qu'il avait commandés en Sicile se donnaient un grandfestin pour célébrer le jour anniversaire de la bataille d'Éryx, etcomme le maître était absent et qu'ils se trouvaient nombreux, ilsmangeaient et ils buvaient en pleine liberté.

Les capitaines, portant des cothurnes de bronze, s'étaient placés dansle chemin du milieu, sous un voile de pourpre à franges d'or, quis'étendait depuis le mur des écuries jusqu'à la première terrasse dupalais; le commun des soldats était répandu sous les arbres, où l'ondistinguait quantité de bâtiments à toit plat, pressoirs, celliers,magasins, boulangeries et arsenaux, avec2 une cour pour les éléphants,des fosses pour les bêtes féroces, une prison pour les esclaves.

Des figuiers entouraient les cuisines; un bois de sycomoresse prolongeait jusqu'à des masses de verdure, où des grenadesresplendissaient parmi les touffes blanches des cotonniers; des vignes,chargées de grappes, montaient dans le branchage des pins; un champde roses s'épanouissait sous des platanes; de place en place sur desgazons se balançaient des lis; un sable noir, mêlé à de la poudre decorail, parsemait les sentiers; et, au milieu, l'avenue des cyprèsfaisait d'un bout à l'autre comme une double colonnade d'obélisquesverts.

Le palais, bâti en marbre numidique tacheté de jaune, superposait toutau fond, sur de larges assises, ses quatre étages en terrasses. Avecson grand escalier droit en bois d'ébène, portant aux angles de chaquemarche la proue d'une galère vaincue, ses portes rouges écarteléesd'une croix noire, ses grillages d'airain qui le défendaient en bas desscorpions, et ses treillis de baguettes dorées qui bouchaient en hautses ouvertures, il semblait aux soldats, dans son opulence farouche,aussi solennel et impénétrable que le visage d'Hamilcar.

Le Conseil leur avait désigné sa maison pour y tenir ce festin; lesconvalescents, qui couchaient dans le temple d'Eschmoûn, se mettant enmarche dès l'aurore, s'y étaient traînés sur leurs béquilles. A chaqueminute, d'autres arrivaient. Par tous les sentie

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