HÉLIKA

MEMOIRE D'UN VIEUX MAÎTRE D'ÉCOLE

PAR LE

Dr. CHS. DeGUISE




LA RÉUNION D'AMIS.

C'est en vain que nous chercherions à nouer des liens plus forts:et plus durables que ceux qui nous unissent à nos compagnonsd'école, et à nos condisciples de collège. La vieille amitié d'autrefoisa jeté dans nos coeurs des racines si profondes, que nous lessentons grandir avec le nombre de nos années.

Lorsque rage à desséché notre veine, et que les blessures de lavie ont laissé sur chaque épine du chemin le reste de nos dernièresillusions, elles viennent nous réjouir et nous consoler sous lariante et gracieuse image de notre enfance, avec ses jeux, sonespièglerie et son insouciance. Ses racines ont alors produit desfleurs précieuses que le vieil âge se plait à cueillir comme l'a faitl'auteur des "Anciens Canadiens."

Mais parmi ceux de nos jeunes compagnons, il en est qui noussont restés plus sympathiques; parce qu'ils étaient d'un caractèreplus conforme au nôtre, plus jovials ou taciturnes, plus taquins ouespiègles, suivant, qu'ils ont pris eux-mêmes plus ou moins; de partdans nos escapades d'écoliers. Aussi quels francs éclats de rire,lorsque nous nous rencontrons et nous racontons nos réminiscencesdu passé, de notre vie d'école, et de nos années de collège.

En parlant de la jeunesse, temps hélas, bien éloigné de moiaujourd'hui, il m'est revenu une narration, et la lecture d'unmanuscrit, faite par un ancien maître d'école, qui sont encorel'une et l'autre dans un des replis de ma mémoire, comme unémouvant souvenir des temps passés. Ces souvenirs datent de loin,puisque je n'avais qu'à peine vingt ans lorsque je les entendis dela bouche du père d'Olbigny.

Le père d'Olbigny était un vieux maître d'école.

Il était un jour, arrivant on ne savait d'où, venu prendre possessionde l'école de notre village.

Après un examen passé devant le curé et les syndics, qui n'étaientmalins ni en grammaire, ni en calcul, il avait été décidé qu'ilétait capable de nous enseigner l'alphabet.

Or, le père d'Olbigny était un homme instruit, profondémentinstruit. Il parlait, et écrivait correctement plusieurs languesanciennes et modernes; comme nous pûmes en juger plus tard.

Son extérieur n'était rien moins que prévenant en sa faveur.Une balafre affreuse lui partageait transversalement la figure, etlui donnait une expression étrange; mais ses yeux étaient si bons,si doux et si chargés de tristesse; ses procédés à notre égard siaffectueux et si paternels, que nous l'aimâmes à première vue etnous nous livrâmes à l'élude, crainte de lui faire de la peine. Ilnous traitait tous avec la même bonté, mais il y avait une classequi paraissait lui être privilégiée. Cette classe se composait dejeunes gens de mon âge et j'en faisais partie.

Ce fut donc en pleurant qu'il reçut nos adieux, lorsque nouslaissâmes l'école pour endosser la livrée de collégiens.

Un soir, dix ans après, nous retrouvions les mêmes condisciplesde cette classe, au coin du feu où nous avions été conviés par l'unde nous. Naturellement, nous vînmes à parler de notre tempsd'enfance et de notre cher monsieur d'Olbigny. Il avait laissé nosendroits, et ce fut alors que l'un de nous, nous informa qu'ilhabitait une maison écartée à quelque distance du village de B....,et qu'il y vivait en véritable ermite.

Nous décidâmes, séance tenante, d'aller passer une soirée aveclui.

Il vivait, paraissait-il, dans un pénible état de gêne. Plusieursde mes amis. étaient riches, une souscription fut ouverte et labourse qui fut formée lui fut transmise sous forme de restitution.Il avait, reçu par ce moyen de quoi vivre largement, comparativement,pendant deux ans.

Au jour fixé, personne ne manqua à l'

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!