PAR
ADOLPHE ADAM
MEMBRE DE L'INSTITUT
PRÉCÉDÉS DE NOTES BIOGRAPHIQUES ÉCRITES PAR LUI-MÊME
PARIS
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS
RUE VIVIENNE, 2 BIS
1857
Reproduction et traduction réservées
IMPRIMERIE DE BEAU, A SAINT-GERMAIN-EN-LAYE.
A M. LE DR LOUIS VÉRON
Permettez-moi de vous offrir ce livre ensouvenir de l'amitié qui vous unissait à monmari.
Chérie Ad. Adam.
[1] Ces notes n'étaient pas destinées à la publicité. Ad.Adam les avait écrites pour lui; mais nous avons penséqu'elles pourraient avoir, après sa mort, un certain intérêt,au moins au point de vue biographique. Nous avons cru devoiren respecter la forme qui, par sa négligence, témoignede la rapidité avec laquelle elles ont été écrites, et de la fidélitéde ceux qui les offrent aujourd'hui au lecteur.
Je suis né à Paris le 24 juillet 1803; ma mèreétait fille d'un médecin de quelque réputation,T. Coste, dont le costume et le physique avaientune si grande ressemblance avec toute l'allure dePortal, que l'un et l'autre ne se traitaient jamais deconfrères, mais toujours de ménechmes.
Mon père, le fondateur de l'école de piano enFrance, était alors âgé de 45 ans. Né en 1758 àMitterneltz, petit village à quelques lieues de Strasbourg,il était venu à Paris à l'âge de 15 ans. Lesexécutants étaient rares alors et mon père jouitd'une vogue qu'il conserva pendant toute sa longuecarrière. Ami et protégé de Gluck, il réduisaitpour le clavecin et le piano presque tous les opérasde ce grand maître à leur apparition. Mon père semaria fort jeune; il épousa d'abord la fille d'unmarchand de musique et perdit sa jeune femmeaprès une année de mariage.
Pendant la Révolution, il se remaria et épousaune sœur du marquis de Louvois; le contrat demariage porte la signature du mineur Louvois.Mon père eut, de ce mariage, une fille qui vit encoreet qui est mariée à un colonel de génie en retraite;elle habite Dijon avec sa famille. La secondeunion de mon père ne fut pas heureuse; il divorça:sa femme épousa le comte de Ganne et est morte,il y a peu d'années.
Ma jeunesse se passa dans une grande aisance.Ma mère avait apporté une centaine de mille francsà mon père; il était le maître de piano à la modesous l'Empire, je voyais souvent à la maison lecomte de Lacépède, grand amateur de musique etpresque toutes les célébrités de cette époque.
A sept ans, je ne savais pas lire, je ne voulais rienapprendre, pas même la musique: mon seul plaisirétait de tapoter sur le piano, que je n'avais jamaisappris, tout ce qui me passait par la tête. Ma mèrese désespérait de mon inaptitude et, à son grandchagrin, elle se résolut à me mettre dans une pensionen renom, où Hérold avait été élevé, la pensionHix, rue Matignon.
Il me fut bien dur de passer des douceurs de lamaison paternelle aux rigueurs d'une éducation encommun. Je me rappelle que le jour de mon entréeen classe, un élèv