L'ILLUSTRATION
SAMEDI 10 JANVIER 1891
49º Année.--Nº 2498


LA MÉTALLISATION DES CORPS
(Voir l'article explicatif page 40.)



N n'a pas, à mon avis, assez parlé de l'invention nouvelle du citoyenMaxime Lisbonne. Après la Taverne du Bagne, où des garçons vêtus engalériens servaient des chopes de bière aux consommateurs; après lesFrites Révolutionnaires, où des gamins costumés en gendarmes montaientà cheval pour livrer des pommes de terre frites à la clientèle, voicique M. Lisbonne fonde un établissement de pâtisserie, une fabrique debrioches qu'il appelle les Brioches politiques.

C'est un railleur, M. Lisbonne, une sorte d'Aristophane en action. Ilrésume toute une époque dans une étiquette. Les Brioches politiques!on pourrait croire à une revue de fin d'année. Non pas, il s'agit debrioches authentiques, cuites à point, savoureuses, et qu'on peut mangeren sortant du théâtre. Mais le titre est bon, il est bien trouvé.

Que de politiciens ont fait, sans le vouloir, des brioches, tandis queM. Lisbonne les fabrique en sachant très bien ce dont il s'agit!

Je souhaite, au début de l'année 1891, que M. Lisbonne soit le seul ànous donner des Brioches politiques. Ces brioches, c'est généralementle public qui les paye, sans les avoir commandées, et il les trouvepresque toujours un peu lourdes. M. Lisbonne aura rendu un grand, unsignalé service à son pays, s'il garde, à lui seul, la spécialité de cesbrioches-là.

Les nouveaux sénateurs se garderont d'en fabriquer, j'espère. Ils ontfleuri, le dimanche 4 janvier, par un jour de dégel, et, n'y eut-il eupour les saluer que la température plus clémente, ils eussent été lesbiens reçus. Le froid, qui tue les pauvres, commençait à ennuyer lesgens riches, et, quand on ne fait point partie du club des Patineurs, onne tient pas essentiellement à avoir l'onglée. Le dégel, ce bondégel--qui sera peut-être remplacé par une nouvelle gelée lorsqueparaîtront ces lignes--l'aimable dégel a été le bienvenu. Les Parisiensont pu, sans craindre les engelures, aller acheter leurs journaux pourvoir si M. de Freycinet était élu.

Il l'était, et glorieusement. La destinée de M. de Freycinet est d'êtretoujours élu, et, comme ministre de la guerre, de toujours vaincre.Heureux homme, dont on célèbre tous les succès en criant: Vive l'armée!

Et, les élections terminées, on a abordé un tout autre sujet deconversation: l'affaire Fouroux, la fameuse affaire depuis longtempscélèbre sous le titre du scandale de Toulon. Elle aura plus intéresséque l'affaire Eyraud qui finit, elle, par être un jouet de l'année, unpetit joujou, une malle en fer blanc que débitent les camelots à dixcentimes le bibelot. Il y a un secret pour ouvrir la malle et, le secrettrouvé, on rencontre un petit bonhomme en plomb qui représente plus oumoins bien l'huissier Gouffé. Étrange post-scriptum d'un drame odieux:cet assassinat devenant une question à deux sous, dont s'amusent lesenfants!

Le scandale de Toulon n'est pas encore passé à l'état de sinistrejoujou. Il n'est encore qu'un sujet de conversation, un de ces thèmescourants qu'on met sur le tapis, ou plutôt sur la nappe, au dessert.

--Que pensez-vous de Fouroux?

--Quel est le rôle exact de Mme Audibert?

--Fallait-il le cacher ou fallait-il avouer?

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